Déclaration d'amour à mon futur bolide
Oh, berlingo délicieux, à peine ai-je pu effleurer ton papier argent que tu t'es volatilisé. Je ne t'aurais même pas goûté, ne serait-ce que quelques kilomètres sur ta banquette en polyester.
Ce n'était pas toi. J'étais faite pour un autre habitacle.
Je suis faite pour toi.
Bientôt nous allons nous rencontrer. Il est temps de te déclamer ma flamme pour te voir émerger du lac Léman en pleins feux de brouillard avant :
Oh mon kangoo roux des graviers, mon partner du macadam, ma caddie des autoroutes je t'imagine, je te rêve. A ton volant en moumoute tigrée, je contemplerai l'horizon goudronnée à travers ton pare-brise 180°, j'ouvrirai ton coffre haillon pour y suspendre une douche solaire, je coucherai tes sièges pour m'étendre dessus. Ou encore j'irai jusqu'à les démonter un à un pour m'étaler de tout mon long sur ton coffre généreux. Je chevaucherai ton moteur sept chevaux pour gravir le Mont Forchat. Avec ton autoradio quadriphonique, je me délecterai de tes performances accoustiques. Je caresserai ton manche pour passer la cinquième en doublant les twingos première version eraflées dans un parking de la Migros. Je les narguerai de ma peinture métallisée nacrée coquillage en croquant mon magnum caramel double couche sans faire tomber une seule goutte de glace vanille sur mon siège chauffant mes lombaires et massant mes trapèzes. Je me galvaniserai de tes sept mille kilomètres au compteur, comme pour me dire que le temps des pistes en cailloux flinguant mes amortisseurs ; des déménagements de bois de chauffage eraflant le similicuire de mon siège passager est révolu ! Oh ouiiii, avec toi nous passerons la vitesse supérieure en automatique, nous carburerons au sommet d'un glacier du Valais, nous gazoilerons sans plomb sur Nina Chuba avec un accent du canton bernois, que dis-je, nous GPAiles faisant trembler ton châssis et ronronner ton moteur exquis. Oh toi, je t'attends, je t'espère, je te désire ardemment.
Photos : Aline Sammarcelli