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(fr) Creative flow est un blog dans lequel j’explore le processus créatif. J’en ai besoin pour avoir plus de force dans mon travail, repousser mes croyances limitantes et juste laisser tout ce flow créatif sortir de moi. Et peut-être aider - ou au moins inspirer- d’autres personnes à en faire de même !

(eng) Creative flow is a blog where I explore the creative process to get more strength in my work, let fall the boundaries I got to let the flow just go. And maybe help -or at least inspire- others to do the same !

(silence)

(silence)

J’ai attrapé deux petites boules blanches. J’ai délicatement retiré le coton qui les entourait. Je les ai tournées l’une après l’autre entre mon pouce et mon index, les ai pétries pour en faire des entonnoirs. L’une après l’autre, je les ai enfoncées dans mes oreilles. La cire, avec la pression faisait comme des petits craquements. Et puis,

Silence.

J’observe le son étouffé de ma respiration -mes narines à moitié bouchées-, de ma salive quand je déglutis, de mes dents qui se frôlent, les grincements de mes articulations et les battements de mon cœur. N’entendre plus que ça : les mouvements intérieurs, les fluctuations internes, les marées de mes entrailles.

Tues les voix extérieures dissonantes. Isolation phonique. Silence.

Silence, tu m’as tellement manqué.

Depuis quelques jours, j’ai décidé de reprendre la méditation vipassana (méthode Goenka, mais sans boules quies). Ces dernières semaines, je pratiquais surtout les méditations de Joe Dispenza, mais le fait de suivre une voix qui ne s’arrête presque pas de parler me fatiguait. J’ai besoin de silence.

Immobile, en tailleur sur mon zafu, ou en ce moment sur mon coussin que je replie en deux pour avoir une bonne assise, un châle sur les épaules, le dos droit, mains posées sur les genoux, yeux fermés, je ne bouge plus jusqu’à ce que mon réveil sonne.

Quand je reste en silence, les choses se décantent progressivement. Je suis de retour à la maison.

Tout peut s’agiter autour, une partie de moi est sereine et impassible.

Enfin, souvent mon mental résiste: il me fait bouger ma main pour regarder l’heure, ouvrir les yeux pour voir si le soleil est levé, ou trouve une autre excuse pour déplier mes jambes avant la sonnerie. Les distractions sont nombreuses et la discipline compliquée à maintenir. « c’est trop long, je n’ai pas le temps, je veux profiter de la famille, j’ai besoin de dormir, je veux tester autre chose bla-bla-bla ». Pourtant, quand je me relève de méditation, je me demande comment j’ai pu résister à y retourner tellement je sens un tel bien-être.

Les pensées se bousculent à la porte d’entrée l’une après l’autre à qui parle la plus fort. Elles toquent, tambourinent, sonnent, je ne bouge pas. Je me contente de les regarder par le juda s’agiter sur le palier. Je repense ‘anica’ : « tout change ». Je pose à nouveau mon attention sur mon souffle. Quelque chose se calme.

Pourquoi nous attelons nous à fuire ce qui nous fait du bien avec autant de talent ?

S’asseoir, ne pas bouger, c’est pourtant si simple, et si difficile. Notre mental et notre ego n’aiment pas « tu vas arrêter de m’écouter ? Mais je ne vais plus exister !!! » « Chut... »

Je me souviendrai toujours de mon 1er cours de 10 jours et la déception quand à la pratique de la méditation. Je m’imaginais décoller de mon corps pour arriver dans un univers parallèle, atteindre le nirvâna et revenir extatique après avoir entendu des anges me chanter des louanges. Peu d’instructions : « observez votre souffle à la base de vos narines »(pendant 3 jours), « scannez les sensations de votre corps » (les 7 jours restant), « restez assis sans bouger ». Aucune parole ni distraction pendant 10 jours, pas même un livre. Soooo sexy !!!! (Tu parles !). Mais quels changements profonds après ma 1ère expérience. Le calme mental s’installait de plus en plus régulièrement entre les séquences de brouhaha mental. Les vides entre les pointillés s’allongeaient...

Jusqu’à présent, cette pratique est la plus puissante pour moi. J’y reviens toujours, comme à la source. C’est mon refuge.

En ce moment j’ai besoin de ce calme mental. J’ai l’impression de m’être perdue, quelque part entre mes peurs et les voix extérieures. Mon corps crie “je veux du silence”. J’ai besoin de retrouver ma boussole.

Quand je reviens à moi et que tout se décante, mon île intérieure apparaît.

Rien ne peut l’ébranler. Je suis en gratitude d’avoir trouvé cette voie que je relâche négligemment parfois alors qu’elle m’est d’un grand secours. J’ai besoin de revenir au silence pour la clarté. J’ai tout en moi. J’ai besoin de me le rappeler. Maintenant.

Avant de dormir, j’ai mis la cire dans mes oreilles. Je rejoins le silence de la nuit, apaisée. Silence.