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(fr) Creative flow est un blog dans lequel j’explore le processus créatif. J’en ai besoin pour avoir plus de force dans mon travail, repousser mes croyances limitantes et juste laisser tout ce flow créatif sortir de moi. Et peut-être aider - ou au moins inspirer- d’autres personnes à en faire de même !

(eng) Creative flow is a blog where I explore the creative process to get more strength in my work, let fall the boundaries I got to let the flow just go. And maybe help -or at least inspire- others to do the same !

Dans ma benz benz benz - ma valeur et Joey Star

Dans ma benz benz benz - Ma valeur et Joey Star


Je viens de raccrocher le téléphone. J'étais avec Olivier, un mec avec qui nous faisons le même programme de coaching un peu fou. Et à la fin de notre conversation, on parlait argent et légitimité.

Ta légitimité, Hélène, elle est où ta ****** de légitimité ??? Et ta valeur, tu te rends compte de ta valeur ??? T'as juste envie de pleurer quand tu repenses à tous les moments où tu l'as enterrée. Ou t'as pas arrêté de faire profil bas comme au collège. Conforme toi. Et fais-toi cracher dessus. C'est ça la vraie vie ma pauvre, tu t'attendais à quoi ? Collège. Baisse la tête, ne ne dis rien, surtout ne te fais pas remarquer. Rase les murs. "Dents de lapin, dents de lapin. T'es moche avec ton appareil dentaire." Bagues grise. "Hey toi c'est Jo, c'est Joey Star ! Espèce de planche à pain !" Rase les murs, fonds-toi dans la masse. Dans le bus, je ne suis qu'une petite merde. Je n'ose pas dire aux cons derrière d'arrêter d'envoyer des coups de pieds dans mon siège. Je pleure tous les matins pour prendre le bus. Je demande à ma mère de m'accompagner, mais "que jusqu'au buisson, je ne veux pas qu'on me voit avec toi, j'aurais la honte". En 6ème, je propose aux copines de jouer à la balle aux prisonniers. Elles me regardent bizarre. Au collège, on ne joue plus à la balle aux prisonniers. Au collège, on fait des tours du bâtiment en bavant devant la nouvelle veste de la fille populaire. En 5ème, mes copines me laissent tomber. Chaque midi, traverser le self devient un parcours du combattant. M'asseoir toute seule. Manger toute seule. Partir toute seule. Faire comme si de rien n'était alors qu'à l'intérieur je flippe, cœur qui bat, sueur qui perle. Tous les regards sont braqués sur moi "Qu'est-ce qu'elle est moche avec ses boutons et son appareil dentaire !!! T'es seule, tu vaux rien, vieille merde !" Vite quitter le self et prier pour que le temps file. Ouf, sonnerie ! Rentrer en classe, vite, que l'après-midi passe et que je rentre à la maison, vite le bus. Je rase les murs.

Victime, t'arrives pas à être autre chose qu'une ******* de victime ??? Jamais rien dire, rentrer à la maison, et pleurer tous les soirs devant les parents.

Pour compenser mon manque de popularité, je me mets à faire faire faire, encore faire. Faire le journal du collège, faire du théâtre, faire de la photo, faire un projet au Mali, faire, faire, faire. Justifier à tout le monde, à la famille, au monde, que je vaux quelque chose : "Regarde comme je suis bonne élève ! Regarde tout ce que je fais, regarde toutes les langues que je sais parler, tous les pays où je suis allée, toutes les formations que j'ai faites, toutes les expériences que j'ai eu, et j'ai vécu dans un éco-village à 1 million d'euros, hein, l'univers est tellement généreux ! blablabla"


"Et en fait, tu fais comment pour vivre, Hélène ?

-Euh.... (grand silence)

Ben en fait euh...

Euh....

Euhhhh...

(tout bas)

en fait euh....

ahhhh....

euh...


Je suis au Rsa...

depuis plusieurs années.


(j'accélère le flot, j'enchaîne la phrase suivante sans respirer, à peine)


-Mais c'est cool tu sais, j'arrive toujours à rebondir. Quand j'ai besoin je bosse un peu, je fais des jobs d'hôtesse, ou dans l'animation, ou bien serveuse dans un restaurant. Ça va, je me débrouille...

-Ta légitimité, Hélène, ta ****** de légitimité, t'en fais quoi ? Ta ****** de valeur, tu en fais quoi ? Tu as 35 ans et t'es même pas capable d'avoir un revenu égal un Smic ! T'es qu'une merde et t'essaies de te prendre pour une artiste, tu te prends pour Joey Star ou quoi ?

-Ouais y'a un truc avec la valeur et Joey Star. Y'a un truc avec ma valeur et le collège. Y'a un truc avec ma valeur et mon rapport à l'argent. Comme si j'avais pas le droit de recevoir d'argent pour ce que je fais et ce que je suis. Comme si c'était jamais assez, jamais assez bien, jamais assez abouti, jamais assez compétente.

-Jamais quoi ? Tu me saoules avec tes jamais jamais jamais ! T'as fini de faire ta victime ?

-Ouais, mais tu sais, c'est pas bien de gagner beaucoup d'argent. "Les riches sont malheureux" a toujours dit ma grand-mère. Moi, je préfère pas avoir d'argent et être heureuse (sourire forcé).

-Tu y crois vraiment à ton histoire, Hélène ?

-Je devrais être fonctionnaire ou salarié, avoir un CDI, ce serait plus sécurisant. Mais je peux pas, j'y arrive pas, j'ai jamais réussi. Je peux pas rester dans un bureau. J'ai essayé mais j'y arrive pas. Et puis le business, c'est pas bien. Rien que le mot, en anglais, il est dégueulasse. Ça pue le business ! Je veux pas être comme ces actionnaires du CAC 40 qui se font de la tune en faisant travailler des enfants dans des mines de diamant.

-Euh, Hélène, tu en es vraiment là ??? Ça va un peu trop loin ton délire ! Stoooooooooooooooop, silence, tu m'énerves avec ton récit à deux balles !

-OK, ok, j'arrête, mais je fais quoi maintenant ?

-Du silence, un peu de silence."



Il y a quelques mois, j'ai fait une méditation pour savoir quel serait mon prochain lieu de vie. J'ai fermé les yeux et j'ai vu un lac : le lac Léman, la Suisse, Genève. Je n'étais allée à Genève qu'une fois dans ma vie. La vision était la vision, alors je suis allée dans la région, côté France pour commencer ("Parce c'est pas avec le RSA que tu pourrais vivre en Suisse...")

C'est peut-être méga cliché mais pour moi, Genève et la Suisse, ça m'évoque l'argent, les grosses voitures, Rollex, le luxe. Un univers que mon côté écolo-socialo-je-ne-sais-quoi aurait regardé avec dégoût il y a quelques années.


(tout bas)


J'adore Genève.


Ça nourrit un truc en moi cette ville, toute cette diversité, ce bord de lac où je peux passer devant des maisons à 20 millions d'euros, des châteaux de princesse de Dubaï. Ça nourrit un truc chez moi.

Je veux m'autoriser à faire ce qui me plaît, ce pour quoi je suis talentueuse et qui me fait vibrer.

Je veux m'autoriser à recevoir de l'argent pour cela, même BEAUCOUP d'argent ("nan mais déjà un smic c'est pas mal, c'est suffisant, tu n'as pas besoin de plus, tu peux en laisser pour les autres blablabla", "chut Hélène ! Silence !!!").

Je veux voir les choses en GRAND.

Je veux avoir de l'argent pour continuer à faire des choix qui ont du sens : investir dans des produits qui ont une éthique, favoriser des initiatives cohérentes, réaliser des créations magnifiques et grandioses, sans limites.

Je veux avoir suffisamment d'argent pour m'autoriser à être pleinement ce que je suis et mes rêves.

En gros, je veux me redonner de la valeur.

Depuis que je suis dans cette région, ça progresse. Des opportunités se présentent à moi, et je sens que je suis en train de me décomplexer. La part de moi business woman est en train d'éclore. Je lui donne un coup d'accélérateur avec l'Académie des Messagers, parce que au bout d'un moment ça va, c'est bon, t'arrêtes de raser les murs du collège ! Tu te mets au milieu de la cour, debout sur une estrade et tu hurles, comme un tigre :

"Ça y'est le monde, je prends ma place !"