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(fr) Creative flow est un blog dans lequel j’explore le processus créatif. J’en ai besoin pour avoir plus de force dans mon travail, repousser mes croyances limitantes et juste laisser tout ce flow créatif sortir de moi. Et peut-être aider - ou au moins inspirer- d’autres personnes à en faire de même !

(eng) Creative flow is a blog where I explore the creative process to get more strength in my work, let fall the boundaries I got to let the flow just go. And maybe help -or at least inspire- others to do the same !

"La femme parfaite" : prise de conscience

Hélène Marquer première la femme parfaite

Cela fait presque une semaine que j’ai présenté ma pièce. Je n’avais pas encore senti l’élan d'écrire dessus. Je me répétais pourtant : “Tu vas faire un live sur YouTube pour partager cet amour immense que tu as ressenti, ce challenge que tu t’es donné et que tu as mené à bien. Et tu l’intituleras « le monde n’attend qu’une chose : que tu prennes ta place » " mais je n’y arrivais pas. J’ai toujours l’espoir de le faire.

Cela viendra sûrement dans quelques jours. Avant, il fallait que je comprenne quelque chose. Perchée sur mon sommet, face au relief verdoyant, je pleure. Un gros nœud vient de se dénouer.

Ces derniers jours, je dégustais mon accomplissement, entourée. Je continuais d'admirer tous les bouquets qui peuplent mon salon. Je n'en ai jamais eu autant !!! En même temps, je me sentais perdue. Outre la sensation d’être face à un néant “et maintenant?”, quelque chose clochait. Aujourd'hui, après une baignade dans le lac, j’ai décidé d’aller randonner. Mon mental me disait que ce n’était pas sérieux vue la masse de choses à faire et des peurs peurs peurs, mais j’ai pris la voiture et j’ai tracé dans les montagnes. « Toujours aller randonner quand c’est le brouillard Hélène ! Garde ça dans ta trousse de secours émotionnel !!! ». Ça marche toujours. Plus je grimpe, plus mes pensées s’apaisent.

En écrivant « La femme parfaite », je savais que beaucoup de choses étaient imbriquées : mon passé dépressif, le mal-être de ma mère, la recherche de ma place, de ma légitimité et que présenter cette pièce allait me transformer. J’avais et ai aussi la conviction que je permettrais aux femmes de ma lignée de se libérer de quelque chose. J’en avais la foi mais je ne savais pas vraiment où tout cela se jouait.

Face au Mont Blanc, je viens de comprendre.

C’est fou comme le chemin pour conscientiser une chose est imprévu, magique, à la fois douloureux et libérateur.

Après la Première (dont j’ai tout de même hâte de vous partager la puissance à un autre niveau), mon ex belle-mère (que j’appellerai maintenant ma mère de cœur) m’a dit la chose suivante : « La scène dans laquelle je sens que tu te libères est celle où ta mère demande à ton père de l'emmener voir la mer». Étrangement c’est la scène dans laquelle, à chaque répétition, je ne peux me retenir de pleurer. Les larmes montent, doucement, quand je me retourne face au public pour lui dire :

"S'il te plaît, emmène-moi à l'océan. Je ne veux pas y aller seule. Je ne veux pas y aller sans toi. Sans toi j'ai peur. Je veux y aller mais je veux que ce soit toi qu'y m'y emmènes. Fais-le pour moi. Tu dois suffisamment bien me connaître pour savoir, non ? Combien de fois je te l'ai répété : je veux que tu ouvres la porte."

Quand ma mère de cœur m’a dit cela, les larmes me sont venues, à nouveau.

Généralement, mes pleurs sont un bon indicateur des résonances dans mon âme.

Je vais devoir ici parler de mon intimité. Comme tout est imbriqué, j’ai besoin de le faire. Pour la première, mon ex-compagnon était là. Je ne l’avais pas revu depuis plus de six mois, moment où j’ai décidé d’arrêter notre relation. J’ai vécu avec lui six années d’amour et d’aventures merveilleuses, incroyables, inoubliables.

J’ai arrêté notre relation non pas parce que je ne l’aimais ni ne le désirais plus, mais parce que je ne pouvais plus me déployer à ses côtés. Nous nous étions suivi dans nos différentes aventures avec enthousiasme et détermination. A un moment donné, nous ne nous y retrouvions plus. Nous nourrissions l'entité "couple" au dépend de nos aspirations personnelles. Chacun.e ne pouvant se déployer pleinement, nous étions malheureux, d’une certaine façon.

Le week-end dernier, nous nous sommes revus. Puis, nous avons passé quelques jours ensemble. Depuis notre rupture, beaucoup de choses s’étaient passées pour chacun.e mais nous partageons toujours un amour profond l'un pour l'autre. Je l’aime très fort. Après son départ, en milieu de semaine, j’ai ressenti beaucoup de tristesse. En grimpant aujourd’hui sur mon sentier de cailloux je l'ai appelé. J'avais besoin d'une clarification. Au téléphone avec lui, alors que c’était moi qui avais rompu, j’ai réalisé que le deuil était fait pour lui. Mais pas pour moi.

Après avoir raccroché, j'ai fondu en larmes. J’ai compris en quoi tout était imbriqué. En même temps que je pleurais, j'ai dit "merci".

"Merci car je pleure et je comprends pourquoi. Quelque chose est mis en lumière. Quelque chose se libère. Mon âme sait que tout cela est juste."

J'ai quitté M. parce que je me fanais, comme ces femmes qui m’ont précédées : ma mère, ma grand-mère. J’ai arrêté la relation car je devais me choisir, MOI. Sinon, j'allais m’éteindre.

Combien de fois ma mère nous a partagé ses désirs mais ne les a pas menés à bien ? Faire les beaux-arts, apprendre l’anglais, partir vivre à la mer. Pour diverses raisons, elle ne l’a pas fait. L’une étant qu’elle n'osait pas le faire sans mon père.

C’est peut-être à cet endroit que se brise le schéma, pour moi. Je ne m'y attendais pas. L'automne dernier, j’ai décidé de rester vivre dans un nouveau lieu de vie, seule et de me séparer de M. pour assumer mes rêves, mes désirs, mes aspirations. J’ai renoncé à l’amour de l’autre pour honorer et tracer mon chemin. Une partie de moi se dit « c’est ridicule cette prise de conscience, tout le monde vit cela et de plus en plus ! ». En même temps j’ai l’impression que c’est un chemin d’émancipation que nombre de femmes (et peut-être d'hommes ?) n’ont pas vécu, et ne vivent peut-être pas encore. Par amour pour l’autre, elles restent. Elles se sacrifient pour leur compagnon, leurs enfants, leur famille. Elles renoncent à elle-même. Petit à petit, elles s’éteignent.

Je réalise comme c’est douloureux de renoncer à l’autre, à un NOUS, à un amour et une fusion magiques, à un quotidien merveilleux et doux, d'une simplicité désarmante. Mais cela est parfois indispensable pour survivre.

C’est dur mais, maintenant, il est indispensable que je me choisisse.

Je ne peux pas me reposer sur l’autre pour faire les choix pour moi, décider de la prochaine direction à prendre. Je dois tracer ma route. Je suis seule au volant. J'ai peur, mais je dois vivre cela pour moi, pour honorer qui je suis, pourquoi je suis là, et pour rester plus vivante que jamais. Je suis la première personne que je dois apprendre à aimer, cajoler, honorer.

Voilà. Il fait beau, le soleil brille et le vent souffle doucement. Il y a des petites fleurs partout. J’ai beaucoup pleuré. Je redescends, le cœur un peu plus léger. Je reprends le volant de ma twingo bleue qui m'attend tranquillement sur la parking près des vaches. Mon regard se pose sur le "je t'aime" écrit par M. au Posca vert sur la boîte à gants, puis sur la petite lampe d’Aladin que j'ai suspendu à mon rétroviseur. Je suis seule, mais pas tout à fait. Je démarre la voiture et trace la route vers le lac, vers ma chance.

Merci Florian Geyer pour les photos....