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(fr) Creative flow est un blog dans lequel j’explore le processus créatif. J’en ai besoin pour avoir plus de force dans mon travail, repousser mes croyances limitantes et juste laisser tout ce flow créatif sortir de moi. Et peut-être aider - ou au moins inspirer- d’autres personnes à en faire de même !

(eng) Creative flow is a blog where I explore the creative process to get more strength in my work, let fall the boundaries I got to let the flow just go. And maybe help -or at least inspire- others to do the same !

Je suis un animal sauvage.

Photo de sorcière Hélène Marquer sauvage

Outre ma salle de bain, il est un autre lieu d'intense réalisation : ma voiture ! Twingo, lovely twingo ! Combien de fois me suis-je retrouvée au volant, une idée fulgurante me parvenant entre deux routes sinueuses ? Je me penche dangereusement sur le siège passager, jette un regard sur la route en tenant le volant avec ma main gauche (oui, je sais, ce n'est pas sérieux, mais je le fais) et saisis mon portable. J'appuie sur le bouton "enregistrer", pose mon téléphone sur mon tableau de bord et me mets à chanter ma nouvelle mélodie entre les sons de clignotants et du moteur. Les inspirations me viennent surtout quand je roule la nuit. Conduire me met dans un état proche de la méditation. Mes pensées se posent et laissent place à quelque chose d'autre. Là, c'était tout à l'heure, en roulant pour aller à l'Espace Enchanté, en pleine journée. Je longeais les champs de blés, me disant qu'ils étaient bien jaunes, quand alors, j'ai eu une inspiration, en repensant à ma soirée d'hier :

je veux proposer des espaces d'expression sauvage.

Hier soir, c'était la fête de la musique. C'était aussi le solstice d'été, et je voulais aller le célébrer à côté de Genève. Après moults hésitations du genre : "J'y vais, j'y vais pas ?" / "Nan, je suis fatiguée je vais rester."/ "C'est quand même la fête de la musique !" / "C'est loin et t'as vu le prix de l'essence ?" / "Ouais mais j'ai trop envie de bouger." Je me suis levée de ma chaise, et me suis dit, d'un air solennel : "Pour me décider, je vais m'immerger dans le lac. Cela va éclaircir mes pensées.." Je marche en pleine conscience jusqu'au lac, en une lente procession solitaire? J'entre dans l'eau, nage jusqu'au rocher et plonge. "La tête sous l'eau, je nettoie mon mental". Je ressors et le bavardages reprend. Raté ! Ce n'est pas plus clair ! Nouvelle idée : "Prends ta voiture et roule, tu sentiras si ton élan te fait aller à droite ou à gauche. Suis ton élan. Le corps ne ment pas. " Résultat : une fois au rond-point, je suis perdue. Je mets le clignotant à droite puis à gauche pour finalement me garer au premier parking venu, arrête le moteur et tergiverse une heure pour savoir si je vais à cette célébration. J'envoie des messages whatsapp pour savoir quelles sont les autres options parce que "quand même, ils ont prévu de l'orage niveau 3", je pose la main sur mon cœur, ferme les yeux pour faire le vide, et sentir l'inspiration. Rien ne vient. Je regarde Ganesh n°4 et lui demande un message pour mon âme. Finalement je ne sais pas trop comment ni pourquoi, l'illumination me vient après avoir reçu un message sur Telegram d'un ami qui me dit que le temps sera clément. Ok je trace ! (j'ai toujours du mal à comprendre comment le pivot se fait, mais ouf, au bout d'une heure, il est fait !)

Bref, je ne voulais pas écrire cet article pour vous parler une énième fois de mon brouillon mental. (Mais remarque, ça va bien avec le thème je crois, car ici je parle de brouillon mental tout pourri vs nature sauvage instinctive ouiiiiii !!)

J'ai donc pris la route sous un ciel incertain, direction Mamajah, un lieu sublime, à proximité de Genève. Le genre d'endroit qui me fait penser aux écrins de verdure de Bali, entre deux rizières. J'y vais pour célébrer "Litha" (nom de la fête du solstice d'été dans la tradition celte) qu'organise ma merveilleuse amie Sarah (je ne sais pas comment elle fait pour organiser toutes ces fêtes d'ailleurs, quelle énergie !!!). Les gens arrivent petit à petit. Je ne suis pas en retard. Je discute et bois des tisanes de fleurs faites par Martine. Nous déposons le bois autour du feu, faisons un grand cercle, suivons une méditation guidée par Lorène, puis la musique commence : didgeridoo, flûtes, tambours, djembés. Alors qu'auparavant l'atmosphère me paraissait pesante avec tous ces doutes et cette chaleur en cette apogée du jour ; les choses se posent. Je me détends. Au son des instruments, à la vue du feu, pieds nus, mon corps se dénoue. Je tourne ma nuque plusieurs fois, je me baisse, jambes fléchies, j'entame des pas. Je foule la terre. Je déroule mes bras. A un moment, je sors la voix. Je m'étonne toujours de cette puissance de ma voix qui sort en un jet puissant depuis quelques mois. Le djembés continuent de marteler le rythme, fort, et je me mets à danser. Je suis comme un animal. Presque à quatre pattes, les mains sur le sol, je veux hurler comme une louve. Je tape du pied. Je bouge sans me préoccuper de quoi que ce soit. Je suis prise dans cette danse folle. Je me sens vivante. Plus de brouillon mental, plus de pensées, juste un état de plénitude, une transe. Nous chantons, nous célébrons, nous sortons tout. Je suis puissante, je suis sauvage, pleinement sauvage !!!

Il y a quelques années, je suis allée à des sessions de danse libre. Je me souviens réaliser la chose suivante : dans le quotidien, nous nous déplaçons avec notre tête. Nous suivons notre tête, tout le temps. Nos mouvement se résument à tracer des lignes : déplacements parallèles, perpendiculaire, à gauche, à droite, debout, assis, debout, assis, à gauche, à droite, longer la rue, s'arrêter, suivre le passage piéton, tout droit, tourner à l'angle, s'arrêter encore, descendre les escaliers, monter l'escalator, tourner à gauche, puis à droite. S'arrêter, s'asseoir. Après une expérience de danse libre avec une table, je me suis rendue compte à quel point au quotidien, nos mouvements sont pauvres alors que nous pourrions jouer avec tout, varier les mouvements à chaque instant. Autour de cette table nous nous frottions, nous l'escaladions, rampions dessus, dessous. La table devenait tantôt un bateau, tantôt une grotte ou une estrade. Tant de choses se déployaient dans mon imaginaire !!! Je redevenais une enfant qui s'amuse, voit grand avec rien, recrée un monde entier à partir d'une table. Cet aspect ludique du mouvement, de l'espace, je le revis avec la danse contact impro que j'essaie de pratiquer régulièrement. Le retour à un mouvement organique je l'ai aussi découvert lors de ma formation de théâtre avec le méthode de Grotowski. Ce fut une autre révélation.

Pourquoi et comment en sommes-nous arrivés à un quotidien fait de mouvements et de gestes si pauvres ? Peut-être parce que nos déplacements ont été conditionnés par des environnements créés par l'intellect : carrés, rectangles, bruts, bétons.

Je suis de nature sauvage. Nous sommes de nature sauvage. Je rêve d'un monde où nous nous déplacerions dans les rues en tapant du pied, en hurlant des cris d'animaux, où nous escaladerions les barrières, longerions les murs, ramperions sur les pavés, sauterions dans les fontaines. Je rêve d'un monde où notre environnement serait un terrain de jeu.

Hier soir, autour du feu, je me sentais sauvage et puissante. Je veux chaque jour être un animal qui se déplace dans la jungle urbaine à quatre pattes, passe son temps à hurler, émettre des sons de singe ou de chèvre, ne réfléchit pas à la bienséance, fait ce qui vient, fait ce que son corps veut, là, maintenant !

Je suis un animal sauvage, et je veux t'inviter dans ma danse !!! Formons une meute d'individus libres. Dénouons nos corps, faisons les danser, explorons l'environnement avec la joie d'un enfant, amenons nos être à n'être qu'un avec le tout. Voilà mon programme !