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(fr) Creative flow est un blog dans lequel j’explore le processus créatif. J’en ai besoin pour avoir plus de force dans mon travail, repousser mes croyances limitantes et juste laisser tout ce flow créatif sortir de moi. Et peut-être aider - ou au moins inspirer- d’autres personnes à en faire de même !

(eng) Creative flow is a blog where I explore the creative process to get more strength in my work, let fall the boundaries I got to let the flow just go. And maybe help -or at least inspire- others to do the same !

Saute et le filet apparaîtra !

"Saute et le filet apparaîtra !"

Si tu m'avais dit que les changements intérieurs arriveraient si vite, je t'aurais dit : nannnnn jamais !!! Nannnn j'ai peur !!! Nannnnn je ne veux pas revivre ça !!! Et pourtant, chaque jour est différent et ne se ressemble pas. Chaque année est différente et ne se ressemble plus. L'été dernier, à peu près à la même période, j'hésitais à rester dans la région ou revenir habiter en Bretagne. Finalement, mes ami.e.s de l'Espace Enchanté m'avaient rattrapée inextremis, avant que je ne prenne la fuite. J'ai répondu à l'invitation, je suis restée et j'ai vécu mon aventure. J'ai proposé mon stage théâtre ados, mes ateliers. J'ai élaboré un programme. J'étais pleine d'enthousiasme. Cette année, quand mon amie Ouvéa m'a dit qu'il fallait envoyer nos propositions d'atelier avant le 10 août, je me suis sentie bousculée. "Ouh là, je n'ai pas encore pris le temps de clarifier. J'ai besoin de laisser décanter..." Et puis, la partie de moi fonceuse a fait un plan, envoyé des propositions, pile poile à la date limite. Je suis ensuite allée à notre réunion mensuelle du mois d'août. Et mince ! J'ai à nouveau senti cette crazy sensation : ça ne vibre plus... Moi qui m'imaginais refaire une nouvelle année à l'Espace Enchanté aussi créative, fabuleuse que l'année précédente. Moi qui m'attendais à me stabiliser un peu avec mon bureau cozy, mes tisanes Yogi Tea dans le Café Culture, mes baignades au lac entre deux discussions en russe, j'ai réalisé que ce n'était plus pour moi. Et ça m'a fait peur ! Comment pouvais-je faire sans cela ? Mon ego était aussi très déçu : "je ne vais plus pouvoir dire aux gens que je bosse dans un endroit magnifique, résidence pour artistes près du lac. Je serai quoi alors ?" Mais surtout : pourquoi tout change en moi si vite ? Pourquoi les choses ne peuvent-elles pas se stabiliser ? Quand la vie me donnera-t-elle un peu de répits ?

Pour ajouter à cela, j'ai passé un week-end pourri pluvieux intérieur, entre envies d'être seule pour préparer mon camp pour enfants et soif d'être avec d'autres pour célébrer l'été. Je sentais encore ce "crazy grey clowd in my head". (Vraiment, il va falloir que je m'habitue à détecter les signaux ! "Nuages à l'horizon, je répète, nuages à l'horizon = changement de cap imminent !") Gros ciel gris dans ma tête en début de semaine dernière. Alors que je continue me lectures sur la loi de l'attraction, j'ai l'impression de n'avoir plus aucun désir, d'être complètement perdue et mon estime de moi est à -10 sur l'échelle de Richter. C'est dans cet état que je commence la semaine avec mes 7 loulous venus jouer du théâtre en anglais. Heureusement, enfiler une perruque rose sur ma tête pour devenir Rocky la star qui chante dans un microphone en mousse me remet de bonne humeur ! Mon lundi et mardi se déroulent bien. Par contre, hors du temps d'animation c'est la dégringolade interstellaire. Dans mon vaisseau, je fonce droit dans le trou noir.

Après notre folle journée du mardi, je me pose avec mon amie Sarah. Elle cueille quelques feuilles de romarin dans le buisson entre le building et l'avenue et nous allons nous poser sous l'arbre, en face du bureau. J'ai besoin de parler. Elle est toute ouïe. Je lui retrace mes questionnements, mes peurs, mes doutes. Petit à petit tout se décante. Elle mène une enquête, me fait reformuler, clarifier.

Et c'est là que je réalise LE TRUC : je dois larguer les amarres, détacher les cordages pour quitter mon port d'attache. Mes propositions d'atelier ne me stimulent pas. Elles sont guidées par l'envie de reprendre la même chose que l'année passée et apaiser mes peurs de manque d'argent. Je réalise aussi que je n'ai pas l'élan pour aller participer à une résidence de création avec des ami.e.s alors que ***** ce sont mes ami.e.s !!! Qu'est ce qui se passe, qu'est ce qui ne tourne pas rond ???

En parlant avec Sarah, je visualise des personnages blancs, représentant chacun de mes projets. Ils sont droit comme sur le jeu "qui est-ce". Je me vois les renverser un à un avec une petite pitchenette de l'index. Cela me procure un grand soulagement. Renverser les personnages et laisser un grand espace de vide : annuler les ateliers à Genève, annuler les atelier à l'Espace Enchanté, annuler la résidence, et encore plus dur : quitter la compagnie de théâtre et quitter l'Espace Enchanté.

En décrivant mon processus à Sarah, je me relève, et mets à parler avec enthousiasme de mes élans, de mes rêves de me déployer à fond à Genève. Comme si je devais lâcher tout le reste pour ouvrir grand la porte à la vision que j'ai eu depuis le début. Je rentre chez moi heureuse. Je chante dans ma twingo en longeant le lac. Rien n'a vraiment changé, mais tout a changé. Je me laisse le temps de la nuit pour digérer tout cela.

Le mercredi matin, je me réveille à nouveau brouillon, mal, préoccupée... Je fais ma méditation. Puis, je réalise que c'est vital : je dois poser des actions. J'envoie immédiatement des messages pour stopper mes ateliers, j'écris à mes ami.e.s, après quoi je m'empresse de couper internet pour ne pas voir les réponses. J'ai trop peur d'avoir déposée une bombe et qu'elle m'exploser au visage. Arrivée à Genève pour mon camp, je suis obligée de me remettre sur internet. Les premiers messages qui me parviennent sont bienveillants. Ouf ! Mais surtout, je me sens soulagée !!!

J'ai tellement peur de décevoir les autres que je voudrais continuer à faire les choses pour leur plaire, les rassurer, pour qu'ils.elles soient content.e.s de moi, même si cela ne m'anime pas. Je préfère faire plaisir plutôt que décevoir. Mais je ne peux plus fonctionner comme cela ! Je sens aussi que je suis à un moment où je dois faire le choses seules. Le collectif m'a beaucoup apporté les dernières années, mais je dois me coller à la solitude du capitaine, même si ça me fout la trouille !!! En tous, cas (et c'est très bizarre, fabuleusement agréable) depuis que j'ai posé tout cela, je me sens plus légère et mon estime de moi a remontée (alors que dans les faits, rien n'a changé...). Je m'observe et je me dis que ça va peut-être retomber, tout cela. Pour l'instant non. Je dois affronter les conséquences de mes choix, dans le concret, et ce n'est pas évident. Mais je me sens prête à repartir à l'aventure, MON AVENTURE, ma "légende personnelle" comme dirait Paulo Coelho (dont la fondation se trouve à deux pas de là où nous travaillions, comme par hasard !!!).

"La joie profonde, c'est quand la vie qui semble arrivée à un bout, te demande de plonger et de courir vers la lumière !"

Je termine par cette citation de ma mère de cœur, Isabelle Augagneur, qui elle aussi sait tellement bien se lancer dans l'inconnu. Et nous sautons, ensemble !!! Let's go baby !!!