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(fr) Creative flow est un blog dans lequel j’explore le processus créatif. J’en ai besoin pour avoir plus de force dans mon travail, repousser mes croyances limitantes et juste laisser tout ce flow créatif sortir de moi. Et peut-être aider - ou au moins inspirer- d’autres personnes à en faire de même !

(eng) Creative flow is a blog where I explore the creative process to get more strength in my work, let fall the boundaries I got to let the flow just go. And maybe help -or at least inspire- others to do the same !

Créativité : renvoyer la balle à l'univers

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Il y a quelques jours, j'ai reçu une réponse pour ma demande d'aide à l'écriture de la SACD Beaumarchais. Il y a quelques années, j'aurais sûrement fondu en larmes, en lisant « Votre dossier a été étudié avec la plus grande attention mais n'a pas été retenu et nous en sommes désolés. ». Je me serais dit, que je suis nulle. Que je n'y arrive pas. Que je n'y arriverais jamais. Que mon projet est bidon et qu'il vaut mieux l'abandonner dès maintenant avant qu'il ne me mène au fond du trou. Je serais alors partie m'enfouir sous ma couette, la tête sous l'oreiller, pour ne plus rien entendre du monde.

Heureusement, depuis, des anges se sont mis sur ma route ! Tout d'abord, la bougie que j'allume sur mon petit autel de la créativité, avant de travailler. Elle me rappelle que la flamme est toujours là et que tout ceci est plus grand que moi. Je ne suis qu'un vecteur de quelque chose que j'ai à dire et à faire. C'est au-delà de moi. Alors je m'abandonne et j'accepte. Je me sens plus légère.

Ensuite, les paroles de la merveilleuse Julia Cameron me reviennent. C'est en faisant son programme de quinze semaines contenu dans son livre Libérez votre créativité, que j'ai réalisé, un jour, sous la douche, que mon plus grand souhait était de faire du théâtre. Son livre m'a mise en chemin, et je suis heureuse de voir que j'ai progressé. Depuis, j'ai fait une formation d'actrice, j'ai rencontré des collègues merveilleux, je suis en train de créer mon solo. Et cela en... à peine deux ans et demi ! Pas si mal ! Le rétroplanning qu'elle proposait sur cinq ans, m'avait déjà permis de réaliser que : « Oui, je peux y arriver ! Je peux réussir à devenir une actrice talentueuse en cinq ans ! En cinq ans, je peux faire beaucoup de choses. En même temps, cinq ans, ce n'est pas si loin ! ».

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Son chapitre qui parle de la perfection me revient en tête. Parfois, je me rends compte de ma prétention ! J'aimerais réussir à avoir cette bourse, alors que - soyons honnêtes-, je débute dans le métier. Certes, j'ai fait une formation de théâtre de six mois, je suis en train de créer mon spectacle, mais tout ceci est encore balbutiant. Je dois accepter que les choses prennent du temps pour mûrir, gagner en intensité et se bonifier par la profondeur de l'expérience. Je n'ai pas obtenu cette bourse, mais je réalise que le fait d'y postuler m'a permis de décrire et clarifier mon projet, de le faire relire. De le faire existe. Cela a été une étape décisive du travail. Sans cela, j'en serais peut-être encore au stade d'une vague idée de projet, stockée quelque part dans un recoin de mon ordinateur. L'essentiel n'est donc pas le résultat : cette bourse, mais le chemin mené jusqu'à aujourd'hui : un solo qui est en route et que nous mettons en scène !

Cette réponse s'ajoute à deux précédentes, elles aussi négatives, pour des concours de nouvelles. Le premier, le concours de la Nouvelle Georges Sand, apparaissait dans ma tête comme la consécration : « En cet automne 2020, je serai publiée chez l'Harmattan et je ferai un discours émouvant pendant le cocktail de remise des prix... ». Réponse négative, cette fois, sans courriel (la SACD a au moins pris le temps de m'en envoyer un, je leur en suis reconnaissante). Encore plus humiliant, je n'ai pas été prévenue et ai découvert le palmarès des sélectionnées sur la page Facebook du concours. « Bon je vais au moins obtenir un prix pour le concours de nouvelles de cette association du Vercors ? ». Jingle de défaite. Même chose, en trouvant leur page Facebook, je m'aperçois que mon nom n'y apparaît pas, et que je n'ai pas été prévenue, non plus...

« Je décidai de jouer au jeu des lettres de refus
comme s’il s’agissait d’un gigantesque match de tennis cosmique. »
— Elizabeth Gilbert
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La partie de moi prétentieuse et hautaine, a envie de rabattre son écharpe sur l'épaule, et partir d'une allure fière sans dire un mot, en faisant juste comprendre (mais généralement les gens n'y voient jamais rien d'autres que quelqu'un qui s'en va) « Les gens ne se rendent pas compte de ma valeur inestimable. Quand je serais connue, ils s'en mordront les doigts et viendront ramper pour me quémander un autographe ! ». L'autre partie de moi, plus raisonnable (et assez exaspérante avec son air de -je sais tout-, répond : « Mais, ce sont tes premiers concours ! Et, cette deuxième nouvelle, tu ne la trouvais pas si fameuse, non ? ». Je me racle la gorge et ravale ma salive. D'accord, j'avoue. Je suis en chemin. J'ai encore du boulot. OK, gagné partie deux !

Cela me rappelle les paroles d'une deuxième ange rencontrée récemment sur ma route de la créativité : Elizabeth Gilbert. Cette écrivaine est surtout connue pour son livre à succès Mange, prie, aime, adapté en film avec Julia Roberts comme actrice principale. Dans son livre Comme par magie – vivre sa créativité sans la craindre, l'autrice parle de son désir d'écrire, présente chez elle depuis son plus jeune âge. Elle ne cesse d'envoyer des textes à des magazines, maisons d'éditions, et accumule les refus. Elle raconte : « Je décidai de jouer au jeu des lettres de refus comme s'il s'agissait d'un gigantesque match de tennis cosmique : quelqu'un m'envoyait l'une de ces lettres et je ripostais dans l'instant en soumettant un autre texte l'après-midi même. Ma politique, c'était : « Tu me l'as balancé en pleine face, je vais le rebalancer immédiatement de l'autre côté de l'Univers. » ». Merci Elizabeth ! C'est décidé, aujourd'hui je me mets au tennis ! Je prépare une belle passe à l'univers, j'ai un nouveau dossier à envoyer...